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Le présent des illusions

Après avoir très largement renouvelé par ses travaux la connaissance et l’interprétation de la Révolution française, François Furet a consacré un ouvrage majeur au communisme, plus précisément à l’idée communiste et au secret de son rayonnement(1). Dans ce livre, il a montré que l’attrait du communisme a tenu à ce que son idée prolonge la tradition de 1789. À peine vainqueur d’une autocratie russe en pleine décomposition, le bolchevisme s’est installé dans l’héritage jacobin, reprenant à son compte le projet de régénérer l’humanité, mais en associant la « science » à la volonté, ce qui était nouveau. Nous sommes au cœur du sujet de notre dossier sur 1917.

En dépit des atrocités sans exemple dont elle fut le prix, la promesse de l’Octobre russe a traversé le XXe siècle sans que ne s’éteigne la flamme de l’utopie. Sinon à l’extrême fin, dans la faillite absolue du système.

Le mythe communiste n’eût pas duré si longtemps sans les concours apportés à son mensonge par les circonstances. Né de la Première Guerre mondiale, il s’incarna dans l’empire le plus vaste de la terre, qui disposait de richesses naturelles et humaines presque sans limites. Il capitalisa d’emblée les rêves d’égalité et de bonheur universel introduits en Europe par la Révolution française. Il profita de la Grande Dépression consécutive à 1929. Il prospéra dans l’antifascisme et atteignit son apogée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La déstalinisation ne parvint pas à l’entamer. Quand il se dissipa enfin, tué par sa débâcle et les aveux de ses pontifes, il laissa l’intelligentsia d’Europe occidentale stupéfaite et désemparée.

François Furet lui-même, pourtant peu suspect d’une quelconque nostalgie, s’est fait l’écho de ce malaise profond à la dernière page de son essai: « L’histoire redevient ce tunnel où l’homme s’engage dans l’obscurité, sans savoir où conduiront ses actions, incertain sur son destin, dépossédé de l’illusoire sécurité d’une science de ce qu’il fait. […] L’idée d’une autre société est devenue presque impossible à penser. Nous voici condamnés à vivre dans le monde où nous vivons. »

Dans un autre texte écrit peu avant sa mort, Furet redisait d’une façon plus douloureuse encore la mélancolie d’un rêve brisé: « Nous voici enfermés dans un horizon unique de l’histoire, entraînés vers l’uniformisation du monde et l’aliénation des individus à l’économie, condamnés à en ralentir les effets sans avoir de prise sur leurs causes. (2)»

Le rêve brisé qui trouble tant François Furet n’est pas seulement celui du communisme dont il s’était dépris depuis fort longtemps. C’est le rêve de la modernité et de ses illusions.

Si nous faisons l’économie de vestiges surannés, deux « vues du monde » s’opposent aujourd’hui pour interpréter le temps présent. La première est celle qu’a fort bien résumée François Furet. Elle est faite de la croyance en une évolution universelle des sociétés sur la route unique du progrès, jusqu’à une « arrivée » qui semble indépassable: le monde dans lequel nous vivons.

L’autre point de vue est radicalement différent. Il embrasse l’histoire sur la longue durée et ses perpétuels inattendus, prenant en compte la diversité des peuples et des civilisations. Selon ce point de vue, le moment que nous vivons s’inscrit dans un déroulement qui nous est propre, très différent de celui des autres grandes cultures. Ce moment est peut-être détestable, mais il est provisoire. Et chacun a toujours le pouvoir de refonder le monde à partir de soi, dans la fidélité à des modèles qu’offre notre tradition.

 

  1. 1.François Furet, Le Passé d’une illusion, Robert Laffont, 1995. Ouvrage repris avec d’autres textes dans un volume de la collection Bouquins, sous le titre général, Penser le XXe siècle, Robert Laffont, 2007, 1184 p., 30 €.

  2. 2.François Furet, Ernst Nolte (correspondances), Fascisme et communisme, Plon, 1998, p. 142. Cet ouvrage a été repris dans le volume de la collection Bouquins, op. cit.

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